Route : grace aux "économies" de vies faites récemment, on devrait tourner aux environs de 6000 morts dans l'année.
Tabac : plus de 60000 morts par an directement liés au tabac.
La lutte contre la violence routière est l'une des priorités du gouvernement, M. N. Sarkozy en tete.
Celle contre le cancer est l'une des priorités de M. J. Chirac.

Il y a pourtant un facteur 10 entre le nombre des victimes, et on s'est attaqué au problème le "moins grave" des deux. Pourquoi ?

  • Les chauffards sont des dangers pour les autres. Et le tabagisme passif ?
  • Les fumeurs ont choisi de fumer. Les conducteurs aussi ont choisi de conduire, vite pour certains.
  • Les accidents de la route coutent cher à la communauté. Le traitement des maladies directes et indirectes liées au tabac coute infiniment plus cher

On a beau présenter les arguments qu'on veut, les memes s'appliquent aux deux problèmes.
Alors pourquoi ?
La principale différence :
  • Le tabac tue en 30 ou 40 ans
  • La route tue en 5 secondes
On perçoit la mort brutale comme une injustice, le vol d'un être aimé, alors que la mort lente n'est que la conclusion logique d'un comportement contre lequel le mort était bien prévenu avant. En étant cynique, c'est "bien fait pour lui".
Est-ce cette différence de perception qui explique que, 25 ans après, le Sida se développe toujours, alors que la récente épidémie de SRAS a provoqué la mise en place de mesures exceptionnelles, la mise à pied de fonctionnaires (en Chine au moins), une panique planétaire, bien que le nombre de victimes soit ridicule à côté de celui du Sida ? ?
Cela signifie-t-il qu'un comportement (quel qu'il soit, d'un individu ou d'un groupe) dont la conclusion est fatale n'est perçu comme dangereux que si cette conclusion est à (très) courte échéance ?
Aurions-nous perdu la notion du futur ? Des spécialistes (dont je ne suis pas) disent que ce qui différencie l'homme de l'animal est sa capacité à se souvenir du passé et à anticiper l'avenir. Cela veut-il dire que nous sommes en train de regresser ?