Hahaha... j'en ris encore. Après un million d'années de naiveté, je viens de réaliser que j'étais la cible d'une tentative de corruption. Pas du style "y'a une grosse enveloppe avec plein d'euros pour vous...", nan, nettement plus discret comme bidule. Paske l'enveloppe, hein, je crois que je me serais tout de suite rendu compte que c'était pas une procédure normale.
Du temps où que j'étais un étudiant insouciant, j'avais flashé sur une charmante personne de l'encadrement de mon école. Dans le plus pur style "je fantasme sur mes profs" mais c'est comme ça. Evidemment, inaccessible parce qu'un monde nous séparait (à peine plus de 4 ans, mais d'un coté un étudiant et de l'autre un membre du corps enseignant, corps que j'aurais bien visité mais je m'égare; quio que je m'y serais bien égaré aussi).
Je ne suis plus étudiant depuis un moment, et voilà un peu plus d'un an, cette charmante personne a repris contact avec moi, pour me proposer de donner des cours dans mon ancienne école (juste retour des choses, j'y ai souffert, je vais y torturer d'autres innocents, yark yark yark). De fil en aiguille, nos relations ont été un peu plus proches que strictement professionnelles, sans aller jusqu'aux échanges physiologiques rapprochés mais ça en prenait clairement le chemin, sur son initiative, puisqu'elle m'a proposé de passer un prochain week-end ensemble. Jusque là, pas de quoi fouetter un chat, business as usual. Sauf qu'un truc m'a fait tiquer : j'ai (enfin !) constaté qu'elle faisait des remarques sur une série de documents que j'ai remis à un de mes clients.
Il faut savoir que ces documents, dont certains ont une teneur explosive proche de celle d'une bombe nucléaire, sont confidentiels. Les clients en font ce qu'ils veulent, mais il n'y avait a priori aucune raison pour que la miss soit informée. Les rapports en question concernent une société tierce, fournisseur de mon client, et le premier de la série date (hasard, hasard) d'un peu plus d'un an. Je produits, à intervalles réguliers, des rapports "de suivi", sur demande de mon client. Je sais que le responsable de la société tierce reçoit ces rapports, transmis par mon client.
Et donc, ma charmante ex-prof qui me disait, gentiment, mine de rien, que j'étais dur dans ces rapports, pas sympa, que la boîte en question faisait beaucoup d'efforts, qu'ils étaient une société locale intéressante, qu'ils prenaient beaucoup de stagiaires de l'école, etc. Voire même elle contrait certains de mes arguments, qu'elle n'aurait jamais dû connaître. Pas tout d'un coup, et de manière très discrète, sans citer l'entreprise lorsque ce n'était pas nécessaire mais sur l'année écoulée je me suis rendu compte que pratiquement chaque fois qu'on se rencontrait (resto, sorties, ou simple réunion de planif des cours), elle avait un ou deux petits couplets quant à ladite société tierce, et que c'est devenu un tantinet plus insistant/fréquent sur le trimestre écoulé.
Il n'est guère secret, dans les milieux très bien informés, que mon client pense sérieusement à changer de fournisseur, sur la foi de mes rapports. Ce serait une cata majeure pour ledit fournisseur (ça, je le supposais mais j'en ai eu confirmation récemment), style le patron qui va se faire débarquer rapidos par ses actionnaires.
Or, cette charmante prof est (au moins) la maîtresse du patron-qui-va-éjecter : je les ai vus ce week-end, à un spectacle (ils ne m'ont pas vu, je me suis éclipsé une fois frappé par la foudre de la vérité), et ils avaient très clairement l'attitude d'un couple. Pas d'autre interprétation.
Puis-je en déduire qu'elle est envoyée par le type en question, qui cherche à me faire altérer le contenu de mes rapports afin de conserver son client, et indirectement sa place (ou qu'elle le fait de sa propre initiative) ? Ma réponse est oui, évidemment, parce que je vois le mal partout. Mon prochain rapport risque d'être augmenté d'un petit laius non-technique savoureux, et je crains que des têtes ne roulent dans la sciure juste après. Et je vais me faire virer de la liste des intervenants extérieurs de mon école.