D'aucuns, nombreux, qui me connaissent peu et mal, auraient tendance à dire de moi que je n'aime pas les conflits et que, dusse mon orgueil en souffrir, j'évite à tout prix tout échange de mauvaise humeur. D'autres, nettement plus rares, qui me connaissent bien et depuis longtemps, disent de moi qu'il ne faut pas confondre "ne pas vouloir se battre" et "ne pas pouvoir se battre". Un ou deux, rarissimes au possible, ajoutent qu'ils plaignent le type qui m'agressera.
Ben c'est arrivé. Samedi. C'était mon tour, probablement. Le hasard, les stats...
L'échange de marques tangibles de très mauvaise humeur n'a pas duré bien longtemps, une dizaine de secondes tout au plus. Fidèle à tout ce que l'on m'a appris, j'ai d'abord jaugé mon adversaire, histoire déterminer la force strictement nécessaire pour me sortir de ce guépier, et de n'appliquer que les dégats minimaux.
Pas de chance. L'adversité était armée d'un objet excessivement tranchant, ce qui signifie que la force minimale est celle qui rend toute riposte impossible.
Le médecin qui m'a soigné la main, largement entaillée, m'a dit "vous avez de la chance, pas de tendons atteints, rien de grave, ça a juste saigné à profusion." Il a aussi jeté un coup d'oeil distrait sur le déplorable état de mon adversaire, dont l'intégrité physique est définitivement compromise, baignant dans quelques flaques rouge sombre. "Vous ne faites pas dans la dentelle", a-t-il ajouté. Je n'ai pas bien distingué, mais j'ai eu la nette impression qu'il pensait "Bien fait pour lui, il a cherché les ennuis et il a rencontré plus fort que lui".
'tain, c'est tout de meme pas un pot de geleé de groseilles qui va faire la loi au petit déj, non ?