En préambule à cette missive, permettez-moi de vous signaler que je suis tout à fait partisan de l'installation de ces sortes de rambardes qui fleurissent sur les trottoirs, et dont l'objectif évident est de rendre lesdits trottoirs aux piétons et non aux automobiles en mal de parking. Depuis que votre ville a décidé l'installation de ces équipements, il est devenu possible de marcher longuement sans devoir passer sur la chaussée afin de contourner un véhicule posé négligemment sur le trottoir. Une fort louable initiative, donc.
Les chemins de l'enfer, si tant est qu'il existe, sont pavés de bonnes intentions.
Nombreux sont les individus doués d'une sensibilité artistique largement supérieure à la mienne qui ont loué, louent et, je l'espère, loueront encore longtemps la lumière particulière de notre région (lumière qui, soit dit en passant, s'est encore améliorée depuis la suppression involontaire d'une grosse usine polluante). Notre ciel est d'un bleu plus bleu que tous les blancs plus blancs des lessiviers. Notre lumière est aussi plus lumineuse. Il y a là un cadre propice à la flânerie dans les petites ruelles, souvent encadrées d'édifices dont l'architecture est (parfois) banale, mais toujours nettement rehaussée par le bleu du ciel, la lumière et même, parfois, les petits oiseaux qui chantent ou une jolie femme à son balcon.
Mais la flânerie-le-nez-en-l'air est devenue une activité à hauts risques, du fait même de l'existence de ces rambardes que je cite dans mon premier paragraphe. Mère Nature, qui est aussi cruelle qu'exigeante mais c'est une autre histoire, m'a ainsi composé qu'une partie très sensible de mon anatomie se situe exactement à la hauteur du barreau supérieur, horizontal, desdites rambardes. Lorsque, flânant-le-nez-en-l'air, j'emplis mes yeux de toute la beauté dont regorge votre ville, cette partie se fait régulièrement aggresser, avec la plus extrême violence d'ailleurs, par les rambardes sus-citées. Et c'est très désagréable, car cela nuit fortement à ma sérénité et, probablement, à une hypothétique descendance.
Merci de prendre en compte mon humble requête :

J'en ai marre de m'exploser les couilles contre vos bidules juste à la mauvaise hauteur chaque fois que je lève la tête pour admirer le ciel ou une façade au soleil. Faut que ça change. Ou j'te pête la tronche.

Plusieurs générations (à venir) de prix Nobel vous regardent de leur futur, malheureusement hypothéqué par l'agressivité de vos rambardes, et vous disent d'avance merci.

Je sais, le pénultième paragraphe fait un peu vulgaire. Veuillez m'en excuser, mais je suis blessé dans ma virilité, et cela détruit automatiquement ma bonne éducation.