Je n'aurais jamais imaginé que cette question puisse m'être posée un jour. Comme quoi, on se trouve parfois bien involontairement dans des situations tout à fait bloggablesdélicates.

Les lecteurs assidus de ce carnet sans prétension le savent, ma régulière manque parfois d'enthousiasme à mon égard. Pour tout dire, elle est capable de me battre froid, sans avertissement préalable. Un instant tout va bien, l'instant suivant plus rien ne marche. Et quand on se retrouve coincé dans la grande-ville-d'à-côté parce que ladite régulière refuse de me ramener chez moi, c'est vraiment ennuyant.

Heureusement, j'ai quelques amies qui peuvent m'éviter de dormir sous un pont. Me voilà donc, à 21 heures passées, appelant Z, ancienne camarade de jeux et toujours très bonne amie. La réponse est positive :
"Attends-moi au carrefour machin, j'arrive.
- D'accord, merci."

Le carrefour machin n'est guère loin, j'y vais de mon pas assuré. Et j'attends, appuyé tranquillement sur un mur, regardant les véhicules passer afin d'y repérer celui de ma sauveuse. Je dois préciser que je suis en costume-cravate, clean propre quoi. Le carrefour disposant de feux tricolores, beaucoup de voitures s'y arrêtent régulièrement.

Ce n'est qu'après avoir constaté qu'à plusieurs reprises les conducteurs me regardaient d'un oeil torve et lubrique que j'ai réalisé que j'étais dans un quartier tout à fait normal le jour, mais en plein dans une zone de prostitution nocturne. Et que mon attitude, regardant les voitures passer comme je le faisais, pouvait parfaitement laisser supposer que.

Je vous laisse imaginer mon soulagement lorsque la voiture que j'attendais est enfin arrivée. Elle aurait pu se presser un peu plus, tout de même.