Ca commençait pourtant mal : je n'avais pas de billet pour cette représentation. Lorsque j'ai vu, en arrivant à l'entrée du Théâtre, plusieurs personnes tenant à la main un feuillet sur lequel était écrit "Achète N places", mon moral a récédé de plusieurs crans. Le marché gris était à l'évidence épuisé, si tant est qu'il eût existé. Restait le marché blanc : la billetterie, pas tout à fait prise d'assaut mais presque. Je m'insère dans la file d'attente; devant moi, une dizaine de personnes - malgré ce nombre réduit, les espoirs sont minces. La même phrase de la guichetière revient sans cesse : "places chères et mal situées." Certains abandonnent, d'autres prennent, réduisant d'autant le stock libre. Première sonnerie, seconde sonnerie... Il est quinze heures moins une poignée de secondes lorsque mon tour vient. Ayant entendu plusieurs fois le même discours, je ne réitère pas la même question mais interroge pour la prochaine représentation, dimanche prochain. L'aimable dame me dit d'attendre sur le côté, ce que je m'apprête à faire.
A ce moment, de la porte d'à côté, un ouvreur entre et dit "M. X vient de libérer sa loge". Ma carte bancaire est sortie toute seule. Loge 5, en avant-scène. Au-dessus de la fosse, on ne voit que 80% de la scène. Mais... ne boudons pas le plaisir. C'est la loge du préfet, autant dire que les sièges sont bons, la vue imprenable sur les interprètes, et ils ne se sont pas si souvent que ça dérobés à mon regard.
Les premiers frissons sont apparus durant la seconde scène, mettant en jeu -j'en devine une qui ne sera pas surprise- Dorabella (Sophie Koch) et Fiordiligi (Tamar Iveri). Rhâââ. La voix veloutée mais d'une redoutable puissance, surtout à faible distance comme j'étais placé, de Sophie Koch m'a scié. Le plaisir jubilatoire ne m'a quitté qu'à la fin de la représentation. Je me suis surpris, à deux ou trois reprises, à en avoir le souffle court, presque coupé.
J'ai beaucoup apprécié Despina (Anne-Catherine Gillet), joyeuse, gouailleuse à souhait, qui donnait vraiment l'impression de s'amuser comme une folle dans son personnage. Mon seul regret a été la relative faiblesse de Ferrando (Tomislav Muzek) par rapport aux autres interprêtes. Ses solos étaient impeccables, pour autant que mes oreilles mal dégrossies me permettent pareil jugement. Mais dès qu'il chantait en compagnie de Don Alfonso (Carlos Chausson) ou de Guglielmo (Brett Polegato), il devenait inaudible.
3 réactions
1 De Kozlika - 22/01/2006, 21:25
Alors la Sophie Koch confirme donc que c'est une grande dame n'est-ce pas ? Qu'elle soit impressionnante dans des répertoires aussi différents que Richard Strauss (je l'ai entendue dans Ariadne à Naxos l'année dernière en compagnie de « ma » Natalie, sublimes toute les deux), Ambroise Thomas que nous avons vu ensemble et maintenant Mozart, ça n'est pas rien !
Je suis contente-contente \o/
2 De Miss lulu - 27/01/2006, 11:34
3 De Kozlika - 27/01/2006, 15:35
J'étais venue pour te dire que tu peux te lancer dans la carrière de critique opératique, regarde donc par là :
http://www.resmusica.com/aff_articles.php3?num_art=2036