Ayant dû prendre l'avion à Orly Sud hier soir, j'ai eu le grand bonheur d'être confronté à la grève du zèle du personnel de sécurité de la société Alyzia. Grand bonheur en cela que ça m'a donné la possibilité de découvrir l'une des formes de vie les plus basses et les plus viles qui soit : le chefaillon, qui dans cette histoire dirigeait l'équipe de sécurité. J'ai observé cet répugnante engeance à l'entrée du hall C/D d'Orly Sud, dimanche 14 mai vers 19 heures. Cela ne signifie pas qu'il n'en existe nulle part ailleurs, mais je refuse de généraliser : toutes les personnes disposant d'une parcelle d'autorité publique n'en deviennent pas automatiquement des nuisibles prenant un plaisir manifeste à pourir l'existence de ceux qui n'en peuvent mais, et abusant de leur autorité afin de bien montrer que, justement, ce sont eux les chefs.

Donc, grève du zèle du personnel de sécurité Alyzia. Cela signifie que non seulement on passe dans les portiques et les bagages sont radiographiés, mais aussi que chaque passager est fouillé[1]. Le résultat prévisible, c'est que le passage à la sécurité est précédé d'une bonne heure de queue (estimation : 300 personnes). Des gens qui doivent prendre un avion, dont on sait que la souplesse des horaires n'est pas la vertu cardinale. Autant dire que la patience et l'équanimité étaient deux produits en rupture de stock dans la file d'attente.

Tout passager usager cochon de payeur imbécile ayant le malheur de râler, qu'il soit dans la file d'attente ou au niveau des portiques, se voyait accorder la semi-totale : ouverture et fouille des bagages[2]. Histoire qu'il comprenne bien qui commande ici. J'y ai échappé pour un cumul de deux raisons : mon sac était fermé par un cadenas et mon avion partait dix minutes plus tard, l'embarquement théorique étant clôt depuis 20 minutes. Chefaillon a probablement compris que, une fois mon avion raté, je n'aurais plus rien à perdre à faire un scandale. Et que vu la foule qui se pressait et était de plus en plus difficilement contenue par les guides-file, un scandale pouvait dégénérer non pas en un profond échange de mauvaise humeur, mais en un rappel assez direct de la simple règle qui dit que 300 personnes énervées pèsent plus lourd que 10, fussent-elles investies d'une parcelle d'autorité.

J'ai demandé à chefaillon la société pour laquelle il travaillait ainsi que son nom. L'anonymat des fonctionnaires ou assimilés ayant été supprimé il y a belle lurette, il était tenu de me fournir ces informations, ce qu'il a (sans surprise) refusé de faire. La société (Alyzia) était inscrite sur la lanière de son badge, mais il a caché ce dernier quand il a vu que je lorgnais dessus. En guise de parole d'adieu, il m'a fait cette superbe sortie :

Vous allez écrire à ma société ? Je m'en fous. Elle reçoit des milliers de plaintes par an, mais je m'en fous, je ne peux pas me faire virer, je suis fonctionnaire.

On a les victoires qu'on peut. Le sérieux et le professionalisme de certains font honneur à leur métier et à la notion même de service public (qui est, rappelons-le, le service au public). Pour d'autres[3], je me contente de dire que je ne leur cracherai jamais dessus. Je tiens mon ADN en trop haute estime pour tolérer qu'il soit ainsi souillé.

Heureusement que les pilotes et les compagnies aériennes privées ne sont pas peuplés de cons. Easyjet a attendu que tous les passagers enregistrés soient là, bien que cela mette probablement un désordre profond dans leurs plannings. Merci à eux.

La prochaine note sera une analyse sous l'angle professionel de cette même histoire.

Edit du 2 novembre : j'ai mis plus de temps que prévu, mais j'ai enfin écrit la note en question.

Notes

[1] Pas la fouille au corps, celle avec l'appareil portable pour détecter les métaux, normalement utilisé uniquement lorsque le portique persiste à sonner.

[2] Sauf s'il était large, musclé et d'humeur massacrante, auquel cas il passait sans autre forme d'ennuis. Courageux, mais pas téméraires, les grévistes.

[3] Mais pourquoi ces autres, quand je les croise, sont-ils toujours dans un domaine proche du transport ?