Il s'agit d'un intermédiaire entre le saucisson et le pâté que, vulgairement, on appelle du pâté vietnamien. Un bidule à base de porc, de saumure de poisson et de plein d'autres bonnes choses. C'est, à une échelle bien moindre, comme le durian : une odeur assez particulière et un goût d'ailleurs mais vachement bon. Sauf qu'il en est des goûts comme des couleurs, ça varie selon les gens et l'état de putréfaction.

En l'occurrence, ce délicieux plat n'a pas eu l'heur de plaire à mes hôtesses. Ce sont des choses qui arrivent, même en la meilleure compagnie et, plutôt que de se formaliser, il fut convenu que je repartirai avec cette horreur le machin et comme ça tout le monde sera content. Dossier clôt.

Dossier clôt ? Que nenni : l'esprit féminin est retors et n'a de cesse d'égaliser le score. Je l'ai bien compris lorsqu'au moment de partir, genre t'as même plus cinq minutes pour négocier un refus sinon tu rates ton train, il m'a été proposé d'emporter une part de clafoutis fait maison. La bonne vieille loi du talion, version alimentaire.
De retour en mes pénates, après une nuit dans le train durant laquelle je n'ai osé user du clafoutis pour étouffer le ronfleur de la couchette d'en face, je fus confronté à un cornélien dilemne :

  • mentir quant à ma dégustation du clafoutis, ou
  • le manger, au péril de mon (fragile) équilibre alimentaire et mental.

Ne pouvant me résoudre à mentir à une amie, j'ai opté pour la seconde issue.
Et j'y ai survécu.
Je dois à la vérité d'apporter un démenti formel à la légende du clafoutis-tueur.
Dont acte : le clafoutis était très bon, les cerises nombreuses et parfumées, la pâte subtile et légère. Un vrai régal. Miam.

Et pour les médisants qui se poseront inévitablement la question, non je ne suis pas séquestré et non cette note n'est pas le prix de ma libération.