Sous prétexte d'aller faire une course à la ville du coin, le dernier mardi de mes vacances, je suis allé prendre ma voiture au petit parking où je l'avais laissée quelques jours auparavant. J'entre dans l'habitacle sans rien remarquer de particulier. Je m'apprête à démarrer lorsque je note une feuille format A5 glissée sous l'essuie-glace droit. Encore une pub de m... me dis-je en ressortant pour l'ôter.
En fait, ce n'était pas une pub.

Brigade de XXX
Madame, Monsieur,
La personne qui a cassé votre rétroviseur a été interpellée par le vigile du camping. Pour la plainte, prendre contact avec la BT XXX

Cette petite note est signée du nom des deux gendarmes ayant procédé à l'interpellation officielle. Et le rétroviseur droit pendouille lamentablement, retenu par le câble électrique des moteurs de réglage.

Il y a quelques mois, c'étaient les enjoliveurs. Maintenant, le rétro. Cette voiture attirerait-elle les ennuis ou les bas-de-plafond ?

Quelque peu informé des éléments nécessaires pour le dépôt de plainte, je passe dans un garage afin de connaître le prix de la pièce et de la main-d'oeuvre afférente. Puis je me retrouve dans les riants locaux de la brigade de gendarmerie locale[1] pour y déposer ma plainte.

Dans l'après-midi, je passe au camping voisin de mon lieu de vacances afin de savoir quand le vigile sera là, pour le remercier de son action et discuter avec lui de ce qui s'est passé.
Je reçois aussi un appel, sur mon portable (j'ai laissé le numéro à la gendarmerie), de la mère de l'interpellé proposant un rendez-vous le lendemain pour régler rapidement le différent.

Le fin mot de l'histoire : il s'agit d'un jeune homme (13 ans et quelques) qui, en revenant d'une soirée entre copains et copines (tous plus âgés que lui) a voulu frimer et montrer qu'il était... je ne sais trop quoi. Pas de chance pour lui, le vigile du camping était en train de finir sa ronde, il a entendu le bruit de quelque chose qui se casse et est intervenu. Le groupe a commencé par faire bloc en disant classiquement pas nous, pas nous mais la menace d'un appel à la gendarmerie a décidé l'impétrant à se dénoncer - et à rester sous la surveillance du vigile pendant que le reste du groupe partait. Le vigile a appelé la gendarmerie, qui est venue pour prendre note de tout et ramener le gamin à sa famille[2]...

La rencontre du lendemain s'est bien passée, entre le jeune homme, son père et moi. Le gamin n'en menait pas large. Je voulais seulement qu'il me rembourse les frais, avec un petit plus pour marquer le coup, mais surtout que ce soit de sa poche et pas de celle de ses parents. Son père était de cet avis lui aussi, ce qui a simplifié considérablement la discussion.
In fine, le gamin s'en est (financièrement) bien sorti, sa connerie lui a coûté 200 euros[3] (100 euros de rétro et 100 euros de dédommagement). Mais le garage s'est trompé sur le tarif dudit rétro : il n'a facturé qu'un rétro simple au lieu d'un rétroviseur électrique.

Bref. Il me reste à attendre la convocation du tribunal et à retirer ma plainte (c'est en tout cas ce que m'a dit la gendarmerie quand je leur ai posé la question). Inutile d'enfoncer le môme, qui a assumé sa responsabilité courageusement.

Parfois, la réalité et la fiction ne sont pas très éloignées.

Notes

[1] Sous une table, il y avait un carton sur lequel de grosses lettres au feutre disaient XXXX - Phase 1 - Cocaïne. J'ai résisté à l'envie d'en regarder le contenu.

[2] J'imagine le retour, encadré par deux pandores. Bonjour l'ambiance.

[3] A cet âge, ça fait quand même beaucoup.