Pour couper court à cette objection, je ne suis pas un spécialiste de la sécurité aéronautique. C'est vrai. Cependant, cela fait 12 ans que je travaille dans la sécurité informatique et il y a beaucoup d'éléments qui s'appliquent à des secteurs d'activité très différents.

Merci de m'épargner les remarques sur l'absolue nécessité du filtrage des passagers. Oui, il est nécessaire, mais pas vraiment pour l'objectif que l'on prétend. Merci aussi d'éviter toute discussion sur la légitimité de l'action des zélistes. Aussi brutal que ça puisse paraître, je m'en fous complètement, c'est un problème qui ne regarde qu'eux et leur direction. Je discute uniquement des conséquences négatives de cette action sur la sécurité des vols.

Donc, pourquoi les zélistes (et leur chefaillon, que toutes les mouches de la Création festoient sur ses parties génitales) abaissaient-ils le niveau de sécurité aéronautique ?

  • par création de courts-circuits temporaires complets du filtrage. 300 personnes environ, de surcroît énervées par une bonne heure d'attente, doivent accéder à la zone d'embarquement pour des vols qui partent dans le quart d'heure qui suit. 10 personnes les en empêchent. Qui gagne ? Le groupe le plus volumineux. Par moments, la file d'attente avançait vite : 15 ou 20 personnes venaient de passer sans contrôle, parce que le dernier appel d'embarquement venait d'être fait. Une fois que j'ai été dans l'avion, j'ai constaté l'arrivée d'une vingtaine de personnes en moins de trois minutes.
    Faison un peu de calcul. Un petit A319 contient 136 personnes au maximum. Les escales EasyJet sont de 30 minutes environ; en retirant 10 minutes pour vider et nettoyer l'avion, il reste 20 minutes pour l'embarquement, soit un rythme moyen de 8,8 secondes par passager. L'étape de filtrage, en temps normal, dure une trentaine de secondes. Le trajet entre le filtrage et la salle d'embarquement était long, je le réduirai à zéro juste parce que ça me fait croire que je suis Superman[1]. La délivrance de la carte d'accès prend environ 5 secondes. C'est pour cela qu'on nous demande d'arriver en avance : la durée du filtrage ne permet pas de tenir la cadence d'escale. Arriver en avance permet de remplir la zone de rétention (ou zone d'embarquement si vous préférez) et donc d'alimenter en flux tendu la délivrance des cartes d'accès, ce qui assure qu'on tient le rythme de remplissage de l'avion[2]. En phase de zèle, le filtrage dure une bonne minute[3]. Les passagers arrivant à un rythme supérieur à un par minute, surtout si la zone de filtrage alimente plusieurs zones d'embarquement, il y a apparition naturelle d'une file d'attente en amont du filtrage. Tant que l'avion n'est pas là, ce n'est pas très grave, les zones de rétention se remplissent plus lentement, c'est tout. Dès que l'avion est prêt à embarquer ses passagers, ça change : la zone de rétention se vide et n'est plus alimentée qu'au rythme d'arrivée des passagers filtrés, donc au rythme de filtrage, lequel filtrage est alimenté en flux continu grâce à la file d'attente qui s'est formée en amont.
    Dans cette situation, vingt personnes arrivent dans l'avion en 3 minutes, soit un rythme d'un passager toutes les 9 secondes. On tient le rythme de délivrance des cartes d'accès (étape indispensable), ce qui signifie que cette étape est de nouveau alimentée en flux continu. Or, la file d'attente se situe en amont du filtrage de sécurité, et non plus dans la zone d'embarquement. Pour alimenter en flux tendu la délivrance des cartes d'accès, il faut que la sortie de la file d'attente (donc l'entrée en zone de filtrage) et l'arrivée à l'embarquement se fassent au même rythme, sans aucun ralentissement. La seule solution est que le temps de filtrage soit réduit à zéro. Aucun contrôle.
  • par création de courts-circuits unitaires permanents. J'ai le malheur d'être petit, mince, assez maître de moi, poli et (honte sur moi) respectueux de l'autorité. Sacré handicap pour essayer d'impressionner un dépositaire de ladite autorité. Deux ou trois types, un peu avant moi, étaient ennervés, larges d'épaules et de torse, lourds et grands. L'un d'entre eux portait un sac à dos bien rempli. Ils sont passés sans contrôle (le sac à dos est resté sur le dos, pas de rayons X), après avoir poussé sur le côté le préposé au contrôle, qui n'a rien dit et s'est juste occupé du mouton suivant. Il en aurait sans doute été de même avec un type en uniforme, un passeport diplomatique, etc. Les grandes gueules échappent au filtrage[4].
  • par création d'une cible nouvelle. 300 personnes dans un espace restreint, avec du bruit, des gens qui râlent, des sacs et des valises, des bousculades. Il y a du béton au-dessus et sur les côtés, c'est solide, ça va bien contenir le souffle, cool pour faire de la purée. C'est là qu'il faut attaquer, il n'y a aucun risque, même pas besoin de rester là, une petite minuterie suffit. Et ça va provoquer, outre beaucoup de morts (peu probable qu'il y ait des survivants vu la densité très élevée d'individus, genre métro à l'heure de pointe), la destruction partielle d'une partie de l'aéroport, une perturbation immédiate du trafic, donc des engorgements dans d'autres aéroports, qui deviennent cibles secondaires, et rebelote.

On pourra m'objecter que le dernier point est peu crédible, en cela que la grève du zèle n'est pas forcément annoncée longtemps à l'avance et que les vilains méchants n'auront pas beaucoup de temps pour se préparer. Il faut inverser cette logique et considérer que les vilains méchants sont prêts. Ils attendent juste l'occasion.

Ho, et je tape sur Alyzia, mais c'eût été une autre société, j'eus dis les mêmes choses. Peut-être aurai-je simplement évité de rencontrer un autre chefaillon, que sa virginité anale lui soit ravie par un troupeau de mammouths en rut.

Notes

[1] D'accord, dans ce cas je ne prendrai plus l'avion.

[2] En fait c'est plus efficace que ça : ça laisse du mou pour les appels des retardataires.

[3] Cinq pour moi qui ai commis l'imprudence de manifester mon mécontentement.

[4] Ce qui ne serait pas le cas en temps normal, sans la pression des 300 énervés derrière.