Tout ceci pour préparer l'aveu que mon coeur de pierre est quand même susceptible de quelques bonnes actions altruistes, signe indéniable que je me fais vieux et que, à défaut de passer personnellement à gauche, je prépare sans doute le passage de l'arme de ce même côté.

Le 24 décembre au matin, j'ai été contacté par une vague connaissance qui cherchait, de toute urgence, de quoi rendre le quotidien de deux filles-mères et de leur progéniture un peu plus vivable. L'histoire est cruellement simple, deux soeurs (19 et 20 ans, des gamines quoi) qui sortent souvent en boîte, boivent et font des rencontres qui se terminent par des relations acceptées et multiples avec autant de partenaires que de présents. N'ayant apparemment jamais entendu parler de préservatif ou de pilule, à quelques mois d'intervalle elles se retrouvent enceintes, ignorant qui sont les pères, cachent leur grossesse à leurs parents, squattent chez des copines, accouchent seules puis reviennent chez les parents car les copines déménagent. Les parents, il y a une grosse semaine, retrouvent donc leurs filles et découvrent leurs deux petites filles. Leur sang ne fait qu'un tour et ils foutent tout le monde à la porte[1] avec une phrase du genre Vous n'avez pas eu besoin de nous pour les faire, vous n'avez pas besoin de nous pour vous en occuper.

C'est là qu'entre en jeu ladite connaissance, qui travaille avec une association liée à la DDASS, association qui aide des personnes en détresse avec contrepartie. La contrepartie n'étant pas une indenture, devoir de rembourser ou coucherie avec untel, mais d'accepter une mise sous tutelle des revenus, un suivi social ou scolaire, ce genre de trucs. Là, il fallait éviter que les moufflettes (2 et 8 mois) ne soient retirées à leurs mères qui, bien que jeunes et peut-être pas si adultes que ça, n'en sont pas moins attachées à leurs gamines. Or, quand on se fait virer par ses parents après avoir fugué quelques mois, la valise est plutôt légère et ne contient pas grand chose pour les bébés. Ce qui amène les services sanitaires à préconiser que les bébés soient retirés à leurs mères, vu l'indigence matérielle dans laquelle lesdites mères se trouvent.

Pour faire bref, j'ai donné un lit d'enfant, avec le matelas associé, quatre ou cinq sacs de vêtements premier âge, des biberons, un chauffe-biberon et un thermos spécial biberon, plus quelques jouets. Ca fait le bonheur de quatre personnes d'un coup (en plus, quatre filles, hahaha j'ai encore de la ressource pour combler quatre nanas en une seule matinée), sans consommer de ressources limitées, sans polluer, sans même couter un rond sauf le déplacement, sans énervement à la caisse d'un quelconque magasin. Et je me dis que, pour les récipiendaires, c'est un vrai cadeau.

Notes

[1] Esprit de Noël, es-tu là ?