Bien que n'ayant aucune pratique dite à risques et encore moins de rapports non protégés[1], je fais de temps à autres réaliser un bilan sanguin complet, avec dépistage de toutes les cochonneries qu'on pourrait dépister dans le sang. D'abord, au-delà de la quarantaine, il est bon de surveiller certains paramètres. Ensuite, malgré le préambule sur l'absence théorique de risque viral me concernant, je me méfie.
Je viens de recevoir mes résultats. Avec une petite nouveauté : les résultats HIV n'y sont pas portés, mais la mention Conformément aux recommandations de l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé, vos résultats ont été transmis à votre médecin prescripteur. Très sincèrement, je me demande bien à quoi ces hautes sommités pensent.
Certes, je comprends parfaitement qu'il est préférable, en cas d'infection, que la nouvelle ne soit pas apprise sur un bout de papier lu par le patient. Que la présence, les explications, la psychologie, la pédagogie, voire les sédatifs du médecin traitant peuvent être nécessaires face à ce genre d'informations. Sauf qu'il y a un mais de taille. Deux, en l'occurrence.
Primo, une personne non infectée va mariner pendant un temps indéterminé, en se disant Merdre, s'ils n'ont pas écrit que j'étais négatif, c'est qu'il y a un problème. Tout individu normalement constitué peut légitimement avoir ce type d'inquiétude. Je viens de passer deux heures (parce que je n'appelle pas mon médecin depuis les locaux de mes clients) un peu désagréables, quand bien même toute ma logique et mon raisonnement ne faisaient que me dire que c'était la procédure normale pour tout le monde, que ça permet aussi, au besoin, d'informer le patient pour qu'il reste non infecté, etc. Je juge que cette procédure est humainement un peu stupide (oui, je sais, si on marque négatif pour les personnes négatives et les résultats ont été transmis à votre médecin pour les autres, ça reviendrait à annoncer directement-dans-ta-face la séropositivité; il n'empêche : à quoi bon inquiéter les foules pour rien ?). On fait probablement flipper plus de 99% des personnes pour rien.
Secundo, imaginons que le test de dépistage soit fait afin de rassurer sa partenaire[2], en vue de rapports non protégés. On fait comment, si le résultat n'est pas porté sur le document remis au patient ? On est obligé de repasser par la case du médecin traitant, qui va faire une photocopie du document. Et là, rebelotte paranoïa-man se réveille, une photocopie, même de bonne qualité, n'est qu'une photocopie. A l'ère de la retouche d'images, ça ne veut plus rien dire (un original apparent non plus d'ailleurs).
Le patient doit pouvoir dire s'il veut que les résultats sérologiques soient portés sur le document qui lui est remis. Je peux aller jusqu'à comprendre et accepter que le médecin pose (ou omette de poser, s'il craint la fragilité du patient) la question Voulez-vous que les résultats sérologiques soient portés sur le document. Mais je n'accepte pas de ne pas disposer de cette information. Hé, c'est de moi dont on parle, là. Si je veux savoir, je dois savoir. Point final.
Cela dit, entendre un médecin, à la lecture du bilan sanguin, dire des trucs comme c'est parfait et on peut difficilement imaginer mieux, ça met un peu de baume au coeur.
6 réactions
1 De brol - 08/10/2007, 17:44
Tiens, je me demande si dans le cadre d'un spermogramme (l'examen déterminant notamment si il y a présence ou non de spermatozoïdes dans l'éjaculat), la mention "aucun spermatozoïde" est indiquée. Pour ma part, quand j'ai fait la première fois ce test, le laboratoire m'a remis les résultat sans rien me dire, et c'est dans la rue que j'ai découvert que j'étais stérile. Ca m'a littéralement coupé les jambes.
Quand j'ai appelé, depuis mon portable, mon sexologue, il m'a dit de prendre rendez-vous (on était un vendredi à 5h)...
Ecoeurant !
2 De Nuits de Chine - 10/10/2007, 17:53
brol : j'imagine le choc en effet. C'est pour cela que je considère l'idée actuelle (en tout cas pour les dépistages) comme intéressante, mais elle doit encore être travaillée pour devenir efficiente.
3 De brol - 10/10/2007, 18:24
Ce qui serait vachtement bien plus mieux, ça serait que les toubibs apprennent à communiquer également... J'ai peut-être joué de malchance durant toute ma vie, mais sur l'ensemble des médecins que j'ai pu consulter, peu, mais alors vraiment très très peu d'entre eux étaient en mesure de réellement communiquer avec moi sans se réfugier derrière un langage d'initié.
4 De Nuits de Chine - 10/10/2007, 19:28
brol : parfaitement d'accord. Trop nombreux sont encore ceux qui se drapent dans leur connaissance et refusent (ou ne savent pas, j'ai un peu de gentillesse en stock actuellement, autant l'utiliser avant qu'elle ne se périme) se mettre au niveau de leurs patients. Pourtant, c'est à mon avis l'une de leurs missions principales : expliquer (et écouter aussi, mais pas au sens d'un confesseur).
5 De brol - 10/10/2007, 19:49
Note qu'il est compréhensible qu'ils se préservent un chouïa : écouter toute la journée des misères sans s'en retrouver affecté doit être passablement gonflant ! Mais bon, il est cependant indispensable dans une telle relation que le patient puisse compter sur une information claire, il en va parfois de sa vie...
6 De bing - 22/05/2008, 17:40
Quant à la clarté de l'information, je ne peux qu'aller dans votre sens. J'ai dû effectuer récemment une sérologie de ce type et, bien que n'ayant absolument aucune raison valable de douter en ce qui concerne les résultats, devant les détours et les remontrances de l'hôpital ainsi que de mon médecin traitant, je me croyais depuis quelques jours malade, sinon foutue. Je suis donc soulagée d'apprendre (enfin) que tout cela n'est que la procédure normale. Reste donc à attendre un résultat définitif pour étouffer cette détestable paranoïa.