La chance est une cruelle créature : on a souvent l'impression que, lorsqu'on en a vraiment besoin, elle regarde ailleurs ou s'occupe de quelqu'un d'autre (généralement moins méritant que nous). Mais elle est parfois là, et bien là. Ce qui change tout ou presque lors de certaines mésaventures.

Tout a commencé samedi midi. Ma tuture était soigneusement garée sur un emplacement tout à fait autorisé, en plein centre de la grande ville pas très loin d'ici. C'était une place de parking parallèle à la circulation, et c'est ce qui fut fatal à mes portières. Pour être exact, ce qui fut réellement fatal est le taux d'alcoolémie d'un conducteur. Revenant de quelques courses, j'ai eu la très désagréable surprise de constater la disparition du rétroviseur conducteur (retrouvé sur la chaussée quelques mètres plus loin), ainsi que le fort piteux état de tout le côté gauche de TutureChérie. Il semblait bien qu'un quelconque individu[1] avait laissé son véhicule se frotter au mien mais, peut-être pour ne pas avoir à payer de pension alimentaire en cas de procréation non-désirée, n'avait pas jugé bon de rester sur place. Pestant contre l'incivisme et l'irresponsabilité de mes contemporains et contre l'injustice générale de l'univers, je m'apprétais à partir lorsque deux personnes m'ont abordé.

Deux témoins (et pas de Jéhovah, hein) de l'accident, qui ont noté le numéro d'immatriculation du fuyard et m'ont laissé leurs coordonnées pour le dépôt de plainte (pour apporter leur témoignage en appui dudit dépôt de plainte). Ils avaient déjà averti la police de l'accident, et s'apprétaient à me laisser un petit mot sur mon pare-brise avec toutes les informations nécessaires.

Plainte déposée pour délit de fuite. Chance 1, crétins bourrés 0.

Cela dit, dans le pire des cas, ce n'eût été qu'une dépense, certes désagréable, mais il n'y avait que du matériel.

Dimanche, Madame Chance a daigné refaire un tour dans mon coin, et son absence eût pu avoir de bien plus graves conséquences.

J'étais chez une amie, en visite de courtoisie, lorsque j'ai été témoin de sa presque agression par son ex-mari, qui a forcé la porte malgré le refus, l'interdiction et les cris de l'occupante des locaux. La présence d'une tierce partie, témoin voire défenseur potentiel, a (et c'est heureux) déstabilisé l'agresseur, qui s'attendait sans doute à ne trouver qu'une faible femme seule et vulnérable. Le conflit en est resté à des échanges verbaux certes désagréables, mais sans violence physique.

Madame Chance a tourné la tête un moment : la voiture de police qui venait suite à mon appel a été déroutée vers un bureau de vote dans lequel quelques problèmes semblaient nécessiter une intervention rapide[2]. Il a donc fallu 90 minutes avant que le visiteur indésirable n'évacue les lieux.

Plainte déposée par la victime. Chance 2, crétins irrespectueux 0.

Notes

[1] Vraiment très quelconque.

[2] J'ai peut-être commis l'erreur de dire, au téléphone, que du fait de ma présence je doutais que l'agresseur ne devienne violent.