Comme vous le savez peut-être, je suis profession libérale, et sans collaborateur même si je co-traite régulièrement des dossiers avec des confrères. Ce qui signifie que, lorsque je réponds au téléphone, bien que je me présente sous mon nom commercial, c'est bien moi et nulle autre personne qui décroche. Pas de secrétaire ni de filtre, l'appelant est en contact direct avec monsieur le Président (et aussi avec monsieur le directeur financier, monsieur le directeur des achats, monsieur le responsable immobilier, tout ce que vous voulez, je suis une multi-nationale à moi tout seul si j'en ai envie).

Cela ne m'empêche pas de faire barrage aux gens qui appellent en demandant à parler à tel ou tel directeur ou responsable, de façon non nominative (Je veux parler au responsable des achats s'il vous plaît)[1]. Le barrage est celui mis en place par tous les assistants et secrétaires : C'est à quel sujet ? Si le sujet est inintéressant (c'est-à-dire bien trop souvent), Monsieur le Directeur est occupé (indisponible ou pas intéressé, c'est selon).

Là, je viens de recevoir un appel d'un certain Monsieur Gautier, de la société IFPI (ou ISPI), que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve tant pour l'entreprise que pour l'individu. Il a fort mal vécu le barrage :

"Bonjour, ici Monsieur Gautier, société IFPI, je voudrais parler au directeur de l'entreprise.
- C'est à quel sujet ?
- Je suis Monsieur Gautier, société IFPI, je veux parler au directeur de l'entreprise.
- Oui, mais c'est à quel sujet ?
- Ecoutez, je suis Monsieur Gautier, société IFPI, je veux parler au directeur de l'entreprise. C'est clair, non ?
- C'est clair, mais au sujet de quoi voulez-vous parler avec le directeur ?
- Nous parlons la même langue, non ? Il faut que je vous l'envoie avec accusé de réception ? Je suis Monsieur Gautier, société IFPI, et je veux parler au directeur de l'entreprise. Il est là, non ?
- Il aime savoir pourquoi on le dérange. Donc, quel est le but de votre appel ?
- Je suis Monsieur Gautier, société IFPI, je veux parler au directeur, c'est incroyable ça."

Et il raccroche.

Cher Monsieur Gautier, de la société IFPI, je me permet de vous signaler que votre nom ou votre société ne sont pas suffisants pour décider si votre appel est pertinent ou intéressant. Un peu d'humilité et de courtoisie ne vous feront probablement pas de mal.

Notes

[1] Quand on me demande nominativement Je voudrais parler à M. Xj, je dis que c'est moi, quand même.