Non, le titre n'évoque pas l'idéal de vie du geek moyen, la vie sous perfusion, qui permet de rester derrière l'écran un maximum de temps (avec une chaise percée pour les évacuations, et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes) malgré d'éventuelles conséquences négatives sur sa digestion. Je parle d'alimentation continue d'une imprimante à jet d'encre.
J'ai testé ce système (plus exactement j'ai installé et je suis en train de tester). Tous ceux qui ont une imprimante à jet d'encre le confirmeront, les cartouches de rechange coûtent les yeux de la tête. Le modèle économique est simple : vendre une imprimante pratiquement à prix coûtant, et se refaire sur les consommables. Ca marche, à grand coups de cartouches d'origine
et autres assertions dont le seul but est de vous convaincre que si vous ne mettez pas une cartouche fabriquée par le constructeur, votre imprimante explosera après avoir vidé votre compte en banque et folâtré avec votre partenaire[1].
Ainsi, sur mon imprimante, j'ai six cartouches (noir, cyan, cyan clair, magenta, magenta clair, jaune). Chose amusante, si on regarde sur différents sites en cherchant le volume d'encre contenu dans les cartouches, il n'y en a pas deux qui soient compètement d'accord. Afin de ne pas être trop vache, j'ai pris les volumes maximum trouvés et les tarifs de la Fnac, et j'ai calculé le prix de l'encre au litre. Je vous passe les décimales, et ça donne :
- noir : 19 ml pour 35,40 euros, soit 1863 € le litre
- cyan : 4 ml pour 12,40 euros, soit 3100 € le litre,
- cyan clair : 6 ml pour 12,40 euros, soit 2066 € le litre,
- jaune : 6 ml pour 12,40 euros, soit 2066 € le litre
- magenta : 4 ml pour 12,40 euros, soit 3100 € le litre
- mangenta clair : 4 ml pour 12,40 euros, soit 3100 € le litre
A ces tarifs-là, je veux bien vous fournir en encre et même vous l'amener au bureau. Par contre je ne livre que par dix litres.
Je viens d'acheter 6 fois 50 ml d'encre, plus le système d'alimentation continue, pour 70 euros. Soit 233 euros le litre d'encre si l'on suppose que le système d'alimentation est gratuit (ce qui n'est pas le cas). Toujours pas donné, je le concède, mais un peu moins cher que précédemment.
Voilà pour la théorie, tout est beau sur le papier. Dans la pratique, c'est un peu différent. Non pas sur le plan des calculs, je le saurai vraiment lorsque je devrais aller acheter les recharges d'encre. Il n'en demeure pas moins quelques astuces qui, si vous êtes tentés par l'aventure, vous seront très utiles.
D'abord, voici les photos de l'installation. La première photo représente les cartouches d'encre, sur lesquelles on voit un tube d'alimentation. Ce dernier sort de l'imprimante et rejoint des réservoirs externes, qui sont ceux que l'on remplira par la suite (à l'aide de seringues, je n'invente rien). L'installation ne pose aucune difficulté. Il suffit de retirer les anciennes cartouches et de mettre les nouvelles[2]. Absolument rien de sorcier.
Sauf la physique élémentaire. Dans l'éventualité où vous devez débrancher les tubes d'alimentation (ce qui est le cas de mon imprimante, puisqu'il faut rabattre un étrier de fixation de la cartouche, et le tube serait sinon coincé sous l'étrier), n'oubliez pas le principe des gaz parfaits[3][4], surtout s'il fait chaud le jour de l'installation.
Parce qu'alors les réservoirs sont très légèrement sous pression, et lorsque vous débranchez le tube de la cartouche, la pression du réservoir (supérieure à la pression atmosphérique, du fait de l'élévation de température à volume constant de l'air qu'il contient, l'encre étant considérée comme incompressible) va faire sortir l'encre des tuyaux. Pas à grands jets, mais suffisamment pour vous gâcher la journée.
Ca, c'est ma main après un lavage sérieux. L'encre noire, ça tient bien.
J'ai aussi de très belles taches de type dalmatien sur quelques meubles.
Donc, mettez les réservoirs à la pression atmosphérique avant de déboucher quoi que ce soit. Ce n'est pas difficile, il y a un une entrée d'air sur chaque réservoir, qui est fermée pour le transport et doit être ouverte pour utiliser le système[5]. C'est tout con, retirez le bouchon, réservoir par réservoir, juste avant de débrancher le tuyau associé de sa cartouche.Grâce à ça, je n'ai les mains que noires et non pas de six couleurs différentes.
Ce qui n'empêche pas ma CeT de refuser que je la touche, et je n'ose même plus me gratter le nez.
Notes
[1] Pour ce dernier point, il est facile de s'en rendre compte : votre CeT arborera de très jolis tatouages colorés temporaires en des endroits relativement intimes que la décence ne m'autorise point à citer plus avant.
[2] Selon votre modèle d'imprimante, c'est plus ou moins compliqué.
[3] Nous assimilerons l''atmosphère à un gaz parfait.
[4] pV = nRT.
[5] Sans arrivée d'air, l'imprimante aura du mal à "aspirer" l'encre.
2 réactions
1 De Spica - 31/05/2010, 15:40
Ah, qu'ils sont loins ces bons vieux cours de thermo !
Soupir (de soulagement, pas de nostalgie)...
2 De Nuits de Chine - 02/06/2010, 10:15
Spica : La thermo, j'adorais ça. C'est même grâce (ou à cause, tout est question de point de vue) que je suis venu sur Toulouse.