J'étais il y a quelque temps dans le bureau d'un juge d'instruction, qui n'avait guère qu'une seule question à me poser, à laquelle je me suis assez obstinément refusé de répondre, ou du moins de répondre dans le sens qui eût été apprécié par mon interlocuteur.
N'allez pas croire que l'on me demandait ce que je faisais tel jour à telle heure, ou pourquoi mon ADN, mes empreintes digitales ou tout autre élément relativement déterminant[1] a été retrouvé sur une scène de crime.
Non, rien de tout cela.
La question était plus prosaïque : Cette expertise, Monsieur l'Expert[2], vous pouvez me la faire gratuitement ?
Déjà que les expertises judiciaires au pénal sont payées tardivement (c'est un gentil euphémisme)...
Nous avons trouvé un modus vivendi qui convient à peu près aux deux parties, ce qui signifie seulement qu'aucune des deux n'est vraiment satisfaite. L'exercice visant à ne pas dégrader la qualité du travail fourni, à répondre aux besoins du magistrat, tout en diminuant la facture, est difficile.
Edit du 4/11/2013 Suite à divers messages reçus en off, je précise un point. J'ai ajouté le à mois que... en fin de premier paragraphe, qui était pour moi une évidence. Je pense que la demande du JI venait justement de ce que sa juridiction tire probablement le diable par la queue pour boucler ses fins de mois, plus que par le souhait de minimiser son budget en demandant des prestations pro bono. Sur ce sujet, vous pouvez lire le billet de Michel Huyette