Il y a quelques années, alors que celle qui est aujourd'hui mon épouse n'était que ma nouvelle amie, nous sommes passés plusieurs fois par de telles situations. C'est probablement le cas pour beaucoup de couples issus de cultures différentes. Cela peut être d'autant plus marqué lorsque l'un des deux ne maîtrise pas totalement la langue utilisée pour la communication, avec tous les sous-entendus et automatismes qui, pour l'un, sont absolument évidents mais s'avèrent invisibles ou incompréhensibles pour l'autre.

Je me souviens d'une carte postale que j'avais envoyée lors d'un déplacement. Un petit signe d'affection, qui ne contenait rien de particulier au-delà de "Je suis à tel endroit, je vais bien, je pense à toi". Je n'avais pas clôt la carte par Je pense à toi, mais par Prends soin de toi. Une façon plus édulcorée de dire que l'on souhaite que l'autre aille bien car il nous est cher.

L'interprétation de cette petite phrase s'est révélée radicalement différente : on ne prend soin de soi que si personne d'autre ne le fait, donc si l'on est seul(e). La formule est devenue, à la lecture, une phrase de rupture.

Les échanges qui ont suivi ont été intéressants.

Les deux protagonistes ayant fini par se marier, l'un avec l'autre de surcroît, cela permet de conclure que le malentendu a été dissipé.