De temps à autre, une bouffée de cette odeur remonte dans mes fosses nasales. A chaque fois, je m'interroge. D'où cela peut-il bien venir ? A chaque fois, je retourne presque tout le bureau, en reniflant à droite et à gauche[1] pour tenter de déterminer l'origine de la chose. A chaque fois, échec sur toute la ligne[2].
Il est temps de mettre en place une réponse plus organisée.
L'odeur n'est pas permanente. Elle m'arrive occasionnellement. Première étape, identifier ce qui pourrait donner lieu à la détection de l'odeur. Cela signifie de passer à un niveau supérieur de conscience
, comme on l'écrirait dans un récit de fiction. Plus prosaïquement, c'est essayer de déterminer ce que j'ai fait dans les secondes qui ont précédé la détection de l'odeur. Il y a peut-être un lien.
Patience, vigilance... et conclusion. Je ne détecte cette odeur que lorsque je viens de faire un mouvement ample. Taper au clavier de l'ordinateur ne suffit pas. Me lever, me tourner pour décrocher le téléphone ou prendre un dossier... tout cela provoque le phénomène suspect.
Serait-ce mon siège ? Le chat n'y a pas séjourné, c'est une zone interdite pour lui, et l'odeur n'a rien à voir avec ça. J'inspecte quand même l'ensemble, puisque les coussins pourraient exhaler un air vicié, on ne sait jamais. Mais rien de probant[3].
Ce n'est pas le siège. Le mystère semble s'épaissir.
En fait non, dans une fulgurance qui n'a rien à envier aux colères de Zeus. Si c'est lié à mes mouvements, et que ce ne sont pas les objets engagés dans le dit mouvement, c'est l'origine du mouvement elle-même qu'il faut examiner. C'est-à-dire moi-même.
Ce matin, après la douche, j'ai utilisé un échantillon d'une nouvelle eau de toilette. Lors d'un mouvement ample, l'air se trouvant au contact de ma poitrine s'échappe par le col, et vient très naturellement chatouiller mes narines. Le mystère est résolu.
Autant dire que je n'achèterai pas cette eau de toilette.
Notes
[1] Heureusement que je travaille seul.
[2] Mon bureau est bien rangé, maintenant. C'est toujours ça de gagné.
[3] De nouveau, heureusement que je travaille seul. Voir son collège de bureau faire pouic pouic
sur les coussins de son siège et renifler l'air qui s'en échappe pourrait se révéler perturbant.