Billet rédigé le jour même, publié après les événements judiciaires en respectant la chronologie.

Ce billet fait suite à Un peu avant.

La réponse m'arrive quelques minutes après : puisque je suis là, et s'il est possible de faire venir d'autres experts qui doivent déposer, je déposerai probablement en fin d'après-midi. L'huissier me place dans la salle, juste derrière les rangs réservés aux parties civiles et aux familles. Je vais avoir l'accusé devant moi, à moins de trois mètres. Les avocats savent que je suis là.

L'audience reprend. J'écoute. J'ai la gorge sèche, le coeur qui bat un peu trop vite, non de ce que j'entends mais du fait du stress. Pas d'eau à portée de main, mais quelques bonbons mentholés que j'ai pris la précaution d'emporter. Sans papier d'emballage, pour éviter le moindre bruit parasite. J'en prends un. La salive revient et, d'un coup, le stress s'en va.

Gendarme, gendarme, témoin, témoin, témoin, victime,suspension d'audience, reprise, témoin, témoin.

L'huissier audiencier vient s'asseoir près de moi. Ca va être à vous, me glisse-t-il.

Le témoin finit sa déposition. J'entends le président le remercier, puis... Nous allons maintenant entendre M. X, expert en informatique.

L'huissier, à côté de moi, Il est ici, Monsieur le président..

Je me lève. Effet tunnel, je ne vois plus que la cour : le président au centre, les deux assesseurs, les jurés.

Je pose mon rapport sur le pupitre, sans ostentation, et je regarde la cour. Respiration abdominale normale, rythme cardiaque légèrement accéléré, mais tout va bien. A la demande du Président, je décline mon identité, âge, profession et lieu de résidence. Puis il m'invite à déposer.

Vingt à vingt-cinq minutes plus tard, je termine ma déposition. Je n'ai pas eu réellement besoin de mes notes, sauf pour m'assurer que je présente bien tout ce que je dois présenter. Pas d'oubli. Zoom arrière, je perçois de nouveau le reste de la salle, du moins ce qui m'est visible : d'un côté l'avocat des parties civiles et l'avocat général, de l'autre les avocats de la défense et l'accusé.

Pas de questions de la cour ni des parties civiles. L'avocat général demande une précision, que je fournis. Pas de questions de la part de la défense. Le président m'invite à me retirer, et je retourne m'asseoir.

Je suis fatigué, mais pas épuisé.

Je voulais rester jusqu'à la fin de la journée, mais à la suspension de scéance suivante, environ une heure après ma déposition, je vais saluer les avocats et je m'en vais. La tension nerveuse s'est relâchée, je n'ai envie que d'une chose, dormir. Je n'y réussirai pas avant minuit.