Billet écrit le jour même, publié après les événements en respectant la chronologie

Ce billet fait suite à Déposition.

Témoins et experts se succèdent à la barre. L'accusé est invité à s'exprimer. Puis vient la plaidoirie de la partie civile, et les réquisitions de l'avocat général. Elles sont lourdes, très lourdes. A peine en-dessous du maximum encourru.

Suspension de scéance pour le repas de midi. L'après-midi sera consacré aux plaidoiries de la défense et au délibéré.

Reprise de l'audience. Le premier défenseur plaide, puis le second. Brillante seconde plaidoirie. La cour se retire, et l'attente commence. Dehors, la victime et ses parents, et les parents de l'accusé. Deux groupes distincts, qui ne se mélangent pas, mais qui n'ont aucune animosité l'un envers l'autre. Chacun dans sa douleur, son chagrin, ses souvenirs.

Après environ 90 minutes, le père de l'accusé vient me voir. Il m'a reconnu suite à ma déposition, et me demande mon avis. Il est inquiet que le délibéré dure. J'ai à côté de moi un père dont le fils, accusé, a l'âge du mien. Je comprends ce qu'il peut ressentir. En prenant toutes les précautions possibles pour ne pas lui donner de faux espoirs, je lui dis ce que je pense : Les réponses aux questions sur la culpabilité de votre fils ne font aucun doute, les faits ayant tous été reconnus y compris à l'audience. Donc, l'essentiel du délibéré concerne la peine. Et là, plus ça dure, moins c'est mauvais signe. Je lui indique une fourchette de ce que je pense que sera le verdict si le délibéré se termine maintenant.

Moins de dix minutes plus tard, les avocats reviennent, probablement appelés au téléphone par l'huissier audiencier.

Silence dans la salle quand la cour entre. Le verdict tombe, dans la partie haute de la fourchette que j'ai donnée au père. Le président clôt l'audience, les avocats de la défense vont parler au condamné avant qu'il ne soit ramené à la maison d'arrêt. Le public se retire.